Début août 2011, je suis passé sur l’Ile aux Cygnes pour dessiner les agrions (des petites libellules, appellées également « demoiselles »). Je jettai un coup d’oeil -presque par réflexe- sur la cheminée CPCU du front de Seine, car elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle d’Ivry, là où le premier couple du faucon pèlerin s’est reproduit dans la Petite Couronne.
Donc chaque fois que je passais dans le quartier, je la regardais, pour n’y trouver que des pigeons. Or ce jour-la, un autre oiseau était dans le champ de mes jumelles : il se tenait droit, avait une grosse tête (celle des pigeons est minuscule), et une tache blanche sur le visage.
C’était un faucon pèlerin tant esperé!
Ce majestueux rapace, pas très grand en taille mais rapide et puissant, est un habitué en milieu urbain. Dans de nombreux pays (et nombreuses villes françaises), il se reproduit déjà. Les naturalistes parisiens attendaient avec impatience sa venue, à tel point qu’on avait installé un nichoir à son attention (BNF site F.Mitterand).
Deux jours plus tard, je découvrais un second individu, sensiblement plus petit et svelte : un mâle. C’était donc un couple qui avait choisi de s’installer en plein Paris. Le pèlerin montrant un fort attachement à son site, nous espèrons tous un carnet rose pour ce printemps 2012.
Connue dans le monde entier, Paris possède des atouts de charme aux yeux des étrangers: belles avenues, superbes musées, célèbres restaurants. Malgré sa superficie restreinte, elle est devenue désormais une capitale « verte », avec ses jardins, squares et friches. La municipalité mène depuis des années une politique à long terme (gestion différenciée, fauche tardive ou arrêtée, utlisation des produits biologiques), que les plantes et insectes aprrécient plus que jamais. L’assainissement de la Seine ne fait que renforcer cette biodiversité.
Cependant, quelques aménagements pourraient encore favoriser cette tendance. Sauvegarder les friches, y construire des postes d’observation, maintenir des petits espaces -interdits d’accès- sur les rives de la Seine, afin d’attirer des espèces tel que le petit gravelot. Ce charmant oiseau est en effet peu regardant pour choisir son lieu de nidification : j’ai eu la chance d’observer toute une famille sur une rive en chantier, sur l’Ile Seguin, en juin 2011.
Plantes, insectes, araignées… Poissons, oiseaux ou mammifères, ils ont tous leur place dans la capitale française. La ville n’est nullement un « désert » écologique, mais au contraire, un milieu vivant.