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Nantes brûle-t-il?

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A Nantes, avant de passer à la galerie du Rayon Vert, Denis nous a proposé d’aller marcher avec les manifestants, opposants à la construction du nouvel aéroport (Notre-Dame-des-Landes).
Moi qui ne suis pas de nature militante, me suis laissé tenter par l’expérience: cela fait un moment que j’entends parler de ce projet, dont pas mal de mes amis désapprouvent.
Il se trouve également que je connais un tout petit peu le secteur où l’aéroport pourrait se construire. C’est un joli mosaique de bocage: champs, bois et petites rivières.

Ce projet date initialement des années 1960. L’époque où l’économie occidentale allait de l’avant, faisant rêver un avenir radieux pour tous. Et nous savons que, quelques décénnies plus tard, la croissance n’est pas infinie (un symbole: la fin du Concorde en 2003, l’avion qui était sensé atterrir sur ce nouvel aéroport) et les citoyens sont conscients et sensibles aux problèmes environnementaux.

Nous sommes donc arrivés à Nantes en début de l’après-midi, pour se mettre dans le cortège des manifestants. Il y avait beaucoup de jeunes et de moins jeunes, venus en amis, des couples, des familles, avec bébés et enfants. L’ambiance était fort conviviale, sans aucun excès. Pas de slogans au haut parleur (juste des banderoles et pancartes), ni violence d’aucune sorte.

Mais au fur et à mesure que nous avoncions vers le centre ville, on commençait à sentir le brûlé (j’aurais dit des pneus) et le gaz lacrymogène. J’apercevais, loin devant, une grande flamme avec de la fumée noire, ainsi que des projectiles. Et un peu plus tard, le canon à eau qui arrosait probablement les plus agités.
Il était à peine 15h, soit deux heures après le départ du cortège.

Dans les points stratégiques (carrefours, places) se trouvaient des camions et engins de force de l’ordre. Les CRS étaient en tenue de combat, avec leur armure qui m’évoquait les soldats du Moyen-Age.

Après un bon moment, nous avons renoncé à suivre le cortège, cela devenait chaotique, hors de notre contrôle. Les familles rebroussaient chemin également, les enfants et bébés pleurant à cause du gaz et du bruit des projectiles, genre grand pétard.
Personnellement, j’aurais bien voulu poursuivre la marche par simple curiosité, mais je n’étais pas seul.

Le soir, après avoir passé d’agréable moment à visiter l’expo de Denis, moi et ma femme nous avons traversé la ville. Ou plutôt: essayé de traverser.
Je pensais que, vu l’heure (20h), la manifestation était terminée.
C’était sans compter sur les ultras et la police (+ les CRS), qui continuaient à jouer le chat et à la souris dans la ville. On a tenté de prendre le tram, et il était hors d’usage. J’apercevais des flammes sur le rail, au loin dans le centre. L’odeur tenace du gaz lacrymogène était partout. Les rues étaient remplies de voitures qui n’avançaient pas.

On a décidé de rejoindre nos amis à pied. Je suivais le plan, et par hasard, nous avons debouché sur la place Foch, un noeud de réseaux de bus nantais. Après trois quarts d’heure d’attente, on a pu monter dans le bus qui nous a permis d’arriver à bon port.

Cette manifestation qui se voulait pacifiste et rassembleur, une grande fête pour les citoyens, a été gachée par quelques ultras et la force de l’ordre, qui a répliqué immédiatement à la provocation. L’effet boule de neige a fait le reste.

Les médias n’ont parlé que des casseurs et les dégâts sur Nantes. Aucun mot sur la grande majorité des manifestants, des citoyens ordinaires qui ne voulaient pas de ce projet, anachronique et destructeur.

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