Le troisieme jour de ma randonnee jurassienne
Avant l’aube, je suis parti du chalet Gaillard. Je m’orientais avec une lampe frontale, sur les chemins que je commencais a bien connaitre.
Pasee six heures du matin, peu a peu l’obscurite s’estompait, je commencais a deviner les formes dans la foret. Mais ce matin-la, a part les habituels bouvreuils et mesanges, je n’ai rien observe de particulier.
En levant une fois de plus une gelinotte, j’ai marche tranquillement puis atteint bien avant midi le chalet des Ministres. Je suis rentre comme il y a deux jours dans l’abri et vu que d’autres marcheurs ont passe la nuit: la poele etait pleine de cendres. J’ai racle tout ca, suis alle cherche les branches (les indelicats n’ont pas juge utile de ravitailler le bois), les ai coupees, fait un petit feu pour la cuisine de midi.
J’ai passe l’apres-midi et la soiree a marcher (avec une bonne sieste dans la belle clairiere du Plan Pichon), a ramasser quelques groseilles, abondantes sur les sentiers.
Le soleil a favorise l’observation des insectes, essentiellement des criquets. J’ai pu ainsi observer un accouplement de miramelle alpestre.
Apres une bonne nuit dans l’abri, je partis a nouveau de bonne heure.
Le sentier amorcais une douce descente, le ciel devenait rose et bleu pale. Et j’entendis resonner un chant d’oiseau qui m’etait inconnu:
« Piiiii tch roo… Piiiii tch roo… Piiiii tch roo »
Une chevechette. La plus petite des chouettes, une espece reservee aux pofondes forets de montagne.
Je n’avais pas de moyen de m’approcher, aussi je suis reste sur le sentier a ecouter cette mysterieuse voix.